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Dans son document deconsultation publique sur le Régime de rentes du Québec (RRQ), le gouvernement du Québec nous donne le choix d'adopter les modifications prochaines du Régime de pensions du Canada (RPC), ou de se contenter d'une réforme moins coûteuse et moins avantageuse, ou de ne rien changer du tout.
Il y a quasi-unanimité
pour dénoncer ce choix bancal. Le statut quo est, quant à moi,
impensable. Une réforme moins avantageuse ferait des Québécois des
citoyens de seconde classe par rapport aux autres Canadiens. N'en
déplaise au Premier ministre Philippe Couillard, il faudra peut-être
s'arrimer à la réforme du RPC.
Malheureusement, la
réforme du RPC est elle-même fort timide. Ne pourrait-on faire
mieux sans tout chambouler? Ce serait possible en réformant
l'ensemble du système, pas seulement le RRQ et le RPC. Je vous présente onze
propositions qui modifieraient les quatre blocs du système.
Les modifications visent
à garantir aux personnes gagnant moins que le salaire industriel
moyen (SIM) des revenus de retraite correspondant à 70 % de
leurs revenus de travail. Au Canada, environ 70 % des
travailleurs gagnent moins que le SIM; au Québec, c'est plus près
de 75 %.
Balises de mes
propositions
Le rôle essentiel du
système de retraite est de remplacer les revenus de travail par des
revenus de pensions équivalents. Un petit salaire est remplacé par
une petite pension; un gros salaire, par une grosse pension.
Les modifications que je
propose visent les salariés et les autonomes dont les revenus de
travail sont inférieurs à 54 900 $, le maximum des gains
admissibles (MGA) au RRQ en 2016.
Le MGA correspond à peu
près au SIM. Par conséquent, tous ceux qui gagnent moins – à peu
près 3 travailleurs sur 4 – seraient convenablement protégés.
Les modifications
pourraient s'appliquer aussi au RPC, l'équivalent du RRQ pour le
reste du Canada. Généralement, je ne parlerai que du RRQ pour
alléger le texte.
Ceux qui gagnent moins
que 29 646 $ (54 % du MGA) ne seront jamais riches,
mais leur faible pouvoir d'achat est protégé – souvent amélioré
– à 65 ans avec le système actuel.
Si mes propositions
étaient appliquées, ceux qui gagnent entre 29 646 $ et
54 900 $ ne pourraient plus recourir au SRG payé par le
fédéral, mais leurs revenus de retraite correspondraient à environ
70 % de leurs revenus de travail. Ceux au-dessus de 54 900 $
seraient protégés comme s'ils gagnaient ce montant.
Modifications au
programme de la sécurité de la vieillesse
La classe moyenne sera
éventuellement privée de la PSV si rien ne change. Présentement,
la PSV remplace 13 % de la moyenne du maximum des gains
admissibles (MMGA) du RRQ. Dans 50 ans, elle ne remplacera plus que
8 % et dans 100 ans, presque plus rien.
La MMGA sert à calculer
la rente de retraite payable par le RRQ. On devrait l'utiliser aussi
pour stabiliser la PSV.
Première proposition
Je propose d'augmenter
la PSV pour qu'elle remplace 15 % de la MMGA, et qu'elle soit
ajustée chaque année en conséquence.
La PSV passerait de
578,53 $ à 655,50 $ (7 866 $ par année).
La rente maximale du RRQ
correspondant à 25 % de la MMGA, nous aurions toujours un total
de 40 %. Une fois en paiement, la PSV serait seulement indexée
au coût de la vie, comme c'est le cas au RRQ.
Deuxième proposition
Je propose de fixer
chaque année le seuil minimal de récupération de la PSV à 1,4
fois la MMGA.
En arrondissant les centaines, cela donnerait 73 400 $ au lieu de 72 809 $.
Les deux premières
propositions visent à pérenniser la PSV, du moins pour la classe
moyenne.
Point faible de mes
propositions concernant la PSV
Le fédéral a choisi
d'augmenter le SRG à partir de juillet 2016. Cela signifie qu'il n'a
pas l'intention de stabiliser la PSV comme je le suggère. Il faudra
insister pour qu'il change d'idée.
Sans compter qu'il s'agit
d'une portion essentielle du système actuel, j'ai trois arguments
pour appuyer mes propositions.
- La PSV est imposable, contrairement au SRG. Les gouvernements récupéreraient environ le tiers des augmentations. Par ailleurs, ce qu'on ajouterait à la PSV pourrait être retranché du SRG et des allocations.
- Le dilemme du samaritain. Si les personnes âgées perdent la PSV, elles utiliseront des stratégies leur permettant de remplacer une part importante de leurs revenus par du SRG. Pour plus de détails : Jonathan R. Kesselman, Expanding Canada Pension Plan Retirement Benefits: Assessing Big CPP Proposals, page 25, disponible sur le web.
- Le revenu minimum garanti. La PSV, avant l'impôt de récupération, était un revenu minimum garanti aux personnes âgées. De plus en plus d'experts pensent que c'est une mesure sociale qu'il faudra étendre, tôt ou tard, à l'ensemble des citoyens. Pourquoi défaire ce qu'il faudra refaire?
Modifications au
Régime de rentes du Québec (RRQ)
Nos
gouvernements veulent améliorer le RRQ et le RPC en augmentant le
MGA et le taux de remplacement des revenus. Ces régimes, jusqu'à
récemment, étaient basés sur la responsabilité intergénérationnelle. Cela coûte
très cher présentement, en partie parce que la pyramide des âges
est inversée. Au RPC, la loi a été changée. Dorénavant, toute
amélioration du RPC doit être entièrement capitalisée. La réforme
du RPC sera donc payée par ceux qui en profiteront et non par leurs
enfants... On espère qu'il en sera de même avec la réforme du RRQ.
Quoi
qu'il en soit, de mon point de vue, la réforme du RPC va trop loin
en augmentant le MGA de 14 %. C'est la responsabilité des
individus de préparer leur retraite. La responsabilité des
gouvernements est de lutter contre la pauvreté et de protéger
l'ensemble des citoyens contre les plus négligents. Le SRG sert à
protéger les personnes qui ont vécu avec de faibles revenus. Il n'a
pas été créé dans le but d'aider celles qui furent négligentes.
Dans cette optique, je ne crois pas utile d'augmenter le MGA. Il
suffit de protéger tout le monde jusqu'à hauteur du MGA actuel.
Ceux qui gagnent plus pourront se payer une meilleure protection avec
des RCR ou des REER.
Inversement,
la réforme du RPC ne va pas assez loin en augmentant le taux de
remplacement des revenus de 25 % à 33 %. Toute personne
gagnant moins que le MGA devrait être capable de prendre sa retraite
avec 70 % de ses revenus de travail moyens.
Troisième proposition
Je
propose que le taux de remplacement des revenus reste à 25 %,
mais qu'on ajoute à ce taux fixe un nouveau taux variable.
Celui-ci remplacerait 16,2 % d'un revenu de travail égal à 54
% de la MMGA. Il augmenterait par tranches de 0,3 % pour
atteindre 30 % d'un revenu de travail égal à la MMGA.
Le
RRQ paierait deux pensions. La première serait la rente de retraite
habituelle. La seconde serait une rente supplémentaire (RS) payée,
comme indiqué plus loin, grâce à des cotisations à taux
variables. Combinées avec la PSV, les deux rentes remplaceraient
70 % des revenus de travail à 65 ans.
Tableau 15
La
PSV est un montant fixe de 7 866 $ (en présumant la mise
en œuvre de la 1ère proposition). Son taux de
remplacement varie en fonction des revenus. Celui de la RS varie dans
le sens inverse. Au total, les revenus de retraite correspondent à
70 % des revenus de travail.
Tous
les travailleurs – salariés et autonomes – seraient obligés de
cotiser entre 25 et 65 ans s'ils ont des revenus de travail
supérieurs à 54 % du MGA (29 646 $ en 2016).
L'Agence du revenu du Québec serait chargée de ramasser les
cotisations, ce qu'elle fait déjà pour le RRQ. Retraite Québec
(anciennement, la Régie des rentes du Québec) administrerait le
programme. Les cotisations seraient confiées à la Caisse de dépôt
et placement du Québec (CDPQ).
L'exemption
de cotiser sur les premiers 3 500 $ gagnés ne s’appliquerait pas à
la RS. Par contre, une personne avec des revenus de travail
inférieurs à 54 % du MGA ne cotiserait pas personnellement
puisque le système actuel la protège convenablement.
Période
cotisable de 40 ans
Pour
recevoir la PSV complète, il faut avoir résidé au Canada durant 40
ans depuis l'âge de 18. Pour recevoir la rente maximale du RRQ, il
faut avoir cotisé au maximum durant 40 ans. Voilà pourquoi je
fixerais la période cotisable à 40 ans pour la RS. Par ailleurs,
cela permet de réduire le coût des cotisations.
La
participation des employeurs
Les
employeurs seraient obligés de cotiser 2 % du salaire de chaque
employé sans dépasser 2 % du MGA. C'est ce que devrait leur
coûter la réforme du RPC telle que proposée par le fédéral. Ils
pourraient cotiser davantage s'ils le désirent. Pour les employés
avec des revenus inférieurs à 54 % du MGA (29 646 $),
les cotisations de l'employeur serviraient à verser une RS qui
réduirait le SRG.
Pourquoi
limiter à 2 % les cotisations des employeurs?
- Cela correspond au coût du projet fédéral actuel.
- Ils ne peuvent pas s'opposer, leurs coûts restant concurrentiels par rapport aux employeurs américains.
- Ils refuseront de faire mieux que leurs voisins.
Je suis allé voir comment fonctionne le système de retraite aux États-Unis. Ils ont l'équivalent de la PSV, du SRG, du RRQ et du RPC. C'est en un seul programme appelé Social Security qui date du New Deal de Roosevelt après le krach de 1929. En fait, comme leur système est plus vieux que le nôtre, nous avons beaucoup emprunté leurs idées en créant le RRQ et le RPC en 1966. Les modifications annoncées par Ottawa ne vont pas plus loin que ce qui existe depuis belle lurette aux États-Unis. Nos coûts ne devraient donc pas dépasser les leurs.
Les
Américains ont aussi l'équivalent de nos RCR et de nos REER. C'est
quasiment du copier-coller. Nous sommes à la traîne de nos riches
et puissants voisins. Nos employeurs trouvent que c'est bien ainsi.
Ils ne veulent pas d'un système qui leur coûterait plus cher et qui
pourrait nuire à leur compétitivité.
Les
cotisations totales
Je
fixerais la cotisation brute à 8 % du maximum des gains
admissibles (MGA). C'est le taux qu'on doit appliquer si les
hypothèses suivantes sont avérées :
- Le coût de la vie augmentera en moyenne de 4 % par année ou moins au cours des 50 prochaines années.
- Le SIM augmentera en moyenne de 5 % par année ou moins au cours des 50 prochaines années.
- Le rendement sur les cotisations sera de 300 points supérieur à l'augmentation du coût de la vie après les frais d'administration ou de gestion. Par exemple, si le coût de la vie augmentait en moyenne de 2 % par année, le rendement serait en moyenne de 5 %.
- Les frais d'administration ou de gestion ne dépasseront pas 4 % des cotisations accumulées.
Les cotisations accumulées correspondent à celles versées, auxquelles on ajoute les rendements obtenus. Elles seraient immobilisées jusqu'au paiement de la rente de retraite habituelle du RRQ. Toutefois, elles pourraient être libérées avant la retraite pour des raisons exceptionnelles. Par exemple, si une personne est admissible à la rente d'invalidité du RRQ ou si elle meurt...
Ceux
qui gagnent plus que le MGA cesseraient de cotiser avant la fin de
l'année comme présentement. Ceux qui gagnent moins cotiseraient
durant toute l'année, mais à un taux plus faible. Ainsi, le taux
serait de 4,32 % pour ceux qui gagnent 54 % du MGA.
On
verra plus loin que le taux de cotisation net serait dans tous les
cas beaucoup plus bas.
Modifications fiscales
Présentement,
les gagne-petit n'épargnent que 27 % d'impôts. De quoi
décourager l'épargne-retraite pour les travailleurs à faibles
revenus. Un crédit uniforme réduirait le coût de leurs épargnes
et pourrait être fiscalement neutre.
Quatrième proposition
Je propose qu'un
crédit d'impôt de 35 % (15 % au fédéral et 20 % au
provincial) soit applicable sur toute épargne-retraite, sur des
montants inférieurs au MGA.
Ce
crédit est déjà appliqué sur les cotisations au RRQ. Il suffirait
de l'étendre aux RCR et aux REER.
Cinqième proposition
Je propose que le
crédit d'impôt provincial appliqué sur les cotisations au RRQ ne
soit plus intégré au montant personnel de base.
Ni
aucun autre crédit d'ailleurs...
L'Agence
du revenu du Québec fait preuve de beaucoup de créativité quand
vient le temps de nous soutirer des sous... Nous avons tous remarqué
que le montant personnel de base au provincial (11 425 $ en
2015) est semblable à celui du fédéral (11 327 $ en
2015). Mais qui sait qu'au provincial ce « montant tientcompte des cotisations payées au Régime de rentes du Québec, auRégime québécois d'assurance parentale, au Fonds des services desanté et à l'assurance emploi »? Quand on soustrait tout cela, on se rend
compte qu'Ottawa est beaucoup plus généreux que Québec.
L'augmentation
des cotisations au RRQ est presque toujours plus importante que celle
de l'indice des prix à la consommation (IPC). Or, le montant
personnel de base n'est qu'indexé à l'IPC.
À cause de cela, rien de ce qui est inclus dans le montant personnel
de base ne profite entièrement de l'exemption de 20 %.
Je
comprends qu'il faille aider les plus démunis, mais pourquoi ne pas
avoir un vrai montant personnel de base comme au fédéral au lieu de
faire des cachotteries à la classe moyenne?
Sixième proposition
Je propose la création
d'un crédit spécial pour compenser la perte, en tout ou en partie,
du SRG.
Le
crédit commencerait à 46 % et baisserait progressivement. Il
ne serait pas applicable à des revenus supérieurs au MGA.
Tableau 16
Le revenu net après
impôts (3e et 4e colonnes) a été déterminé
avec la calculatrice de Thomson Reuters.
Le crédit uniforme de 35 % s'appliquerait aux cotisations sur
des revenus de travail inférieurs au MGA. Le crédit spécial
dépendrait de l’ensemble des revenus. Par exemple, quelqu'un qui
aurait des revenus de travail de 30 000 $ et des revenus de
location de 25 000 $ (revenus nets avant l'amortissement
immobilier) ne serait pas admissible au crédit spécial.
Le coût de la RS (dernière colonne) est la différence entre le
revenu net après impôts et celui après avoir cotisé à la RS (les
deux colonnes avant la dernière). Le coût net pour les salariés
est inférieur à 1 % pour ceux qui gagnent 65 % du MGA ou
moins. Il monte ensuite et atteint près de 4 % pour ceux qui
sont au MGA. Le coût net pour les autonomes serait évidemment un
peu plus élevé.
Partager
les risques
Ceux qui terminent leur vie active avec une année de rendements
négatifs risqueraient de recevoir une RS plus petite que prévu.
Dans certains cas, la baisse est dramatique. Par exemple, en 2008,
les rendements ont chuté brutalement. Ceux qui ont acheté une rente viagère (RV) durant cette période reçoivent peut-être moins d'argent
que s'ils avaient quitté en 2007. La prochaine proposition vise à
éviter ce désagrément en partageant le risque entre tous les
cotisants.
Septième proposition
Je
propose que la RS soit calculée à partir de la moyenne des
cotisations accumulées (MCA) au cours de cinq périodes de douze
mois précédant le paiement.
Les rendements positifs étant beaucoup plus nombreux que les
négatifs, ma proposition créerait des surplus actuariels. Il
faudrait augmenter le résultat d'un pourcentage permettant d'éviter
des surplus. La formule reste à inventer, mais l'augmentation serait
d'environ 15 % présentement.
Ma proposition est valable également pour les régimes de retraite
privés à cotisations déterminées (RCR CD). Les participants
à ce type de régime reçoivent eux aussi une pension réduite quand
ils prennent leur retraite à un moment inopportun.
Huitième proposition
Pour
le paiement de la RS, je propose d'établir un montant par défaut
correspondant au minimum prescrit sur les fonds enregistrés de
revenus de retraite (FERR).
Cependant, le bénéficiaire pourrait choisir de recevoir le plus
élevé de
- le minimum prescrit sur les FERR (pour rester conforme à la Loi de l'impôt)
- avant 95 ans, le montant de l'année précédente (pour éviter de recevoir moins)
- la MCA avant le premier paiement, multipliée par le taux de conversion d'une rente viagère (RV) (pour recevoir, au cours des premières années et après 94 ans, l'équivalent d'une RV).
Le
taux de conversion pourrait être établi par règlement à partir de
la moyenne du marché. Il suit habituellement de près
le rendement des bons du trésor.
À titre d'exemple, en
octobre 2016, le taux de conversion était d'environ 4,7 % pour une
RV réversible au conjoint et garantie pendant 25 années. Avec un
capital de 100 000 $, on pouvait donc acheter une RV de 4 700 $
par année.
Pour que la RS soit réversible à son décès, le bénéficiaire
pourrait demander que le minimum prescrit sur les FERR soit calculé
à partir de l'âge du conjoint le plus jeune. Sinon, la somme
résiduelle serait payable à la succession.
La
RS ne viendrait avec aucune garantie de durée. Elle cesserait quand
le bénéficiaire n'aurait plus d'argent dans son compte. Malgré les
fluctuations des marchés et les crises économiques, cela risque peu
d'arriver tant que le rendement annualisé de la Caisse de dépôt et
placement du Québec (CDPQ) resterait, à long terme, de 5 % ou
plus. Au cours des 40 dernières années, il a été de 9,6 %
(tableau 3, plus loin).
Il devrait être moins élevé à l'avenir, mais les
actuaires de Retraite Québec prévoient quand même jusqu'à
7 % dans l'évaluation actuarielle de 2015.
La RS n'est pas indexée au coût de la vie, mais le montant par
défaut augmente jusqu'à 95 ans, sauf certaines années de
rendements médiocres ou négatifs. L'augmentation est habituellement
supérieure au coût de la vie.
Mes
propositions fonctionnent-elles également pour tous?
Mes
propositions fonctionnent bien pour les travailleurs avec un
parcours typique; ceux dont les revenus de travail – sans être
nécessairement égaux au SIM – augmentent à peu près au même
rythme. Ceux avec un parcours atypique risquent de trop cotiser ou
pas assez. Ceux dont les revenus augmentent moins vite que le SIM
cotiseraient trop. Ils dépasseraient l'objectif et se retrouveraient
avec des revenus de retraite supérieurs à 70 % de leurs
revenus de travail. Je ne crois pas que cela les chagrinerait... Ceux
dont les revenus augmentent plus rapidement que le SIM ne
cotiseraient peut-être pas suffisamment. En tout cas, ils se
rapprocheraient de l'objectif et devraient avoir les moyens de se
payer un REER s'ils le jugeaient nécessaire. Retraite Québec
pourrait même se donner le mandat de les conseiller à ce sujet.
Modifications
aux REER
Tableau 17
Le
taux annuel moyen d'inflation a été établi avec la feuillede calcul de la Banque du Canada.
Quelle que soit la période, la CDPQ a toujours battu le Dow Jones
(Bourse de New York) et encore plus le S&P/TSX (Bourse de
Toronto). La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
(FMOQ) offre à ses membres des REER avec des rendements comparables,
du moins sur des périodes inférieures à 15 ans. La FMOQ ne
détaille pas les rendements à très long terme. La Banque royale
(RBC) offre aussi des rendements très compétitifs, comme les autres
banques. Mais la RBC, comme les autres banques, a des portefeuilles
dits « équilibrés » qui ont rapporté moins de 3 %
par année sur une période supérieure à 15 ans. Pire, comme toutes
les autres institutions financières, elle vend des REER qui ne
rapportent à peu près rien.
Les REER sont souvent achetés pour la mauvaise raison : payer
moins d'impôts... Les acheteurs ne prêtent pas toujours attention
aux rendements.
Dans
son Cyberbulletin
du 7 octobre 2015,
l'Institut CD Howe évalue que les rendements réels sur lesinvestissements sans risque ne seront à l'avenir que d’environ 1 %. Impossible de préparer convenablement sa retraite avec si
peu.
Neuvième proposition
Je
propose que les REER soient vendus avec une option de placement par
défaut, déterminée par règlement.
Le
niveau de risque serait établi en fonction de l'âge de l'acheteur.
On pourrait s'inspirer de l'option par défaut des
régimes volontaires d’épargne-retraite (RVER).
Pourquoi? La réponse est au tableau 3. Taux d'inflation au cours des
50 dernières années : 4,06 %. Rendement du Dow Jones :
6,51 %. Rendement de la CDPQ : 8,73 %. Si la CDPQ a
battu le Dow Jones, c'est parce qu'elle prend des risques.
Rappelons-nous 2008 : perte de 25 %. Malgré cette
catastrophe, son rendement annualisé dépasse celui de la Bourse de
New York.
Quand on a 35 ans ou plus pour faire fructifier ses économies,
prendre des risques vaut le coup. Se contenter de rendements réels
d'environ 1 % sur des investissements sans risques est de la
très mauvaise planification.
Dixième proposition
Je
propose que les institutions financières soient obligées de
transmettre une fois par année les informations suivantes :
- Le montant de la RV qui serait payable si l'acheteur avait déjà 65 ans.
- Le montant de la RV, en dollars courants, que l'acheteur pourrait recevoir à 65 ans en continuant de cotiser jusque là, comme l'année précédente.
Il est évident que ce ne serait que des estimations, mais cela permettrait de mesurer l'efficacité de nos placements et de corriger le tir au besoin.
Onzième proposition
Je propose que les
modifications au RPC et au RRQ ne changent pas le calcul
du montant maximum déductible au titre des REER.
Pour
l'instant, le fédéral est d'accord. Il indique que les
modifications qu'il veut apporter au RPC n'auront pas d'impact sur
les REER.
Mes propositions
plairont-elles à tout le monde?
Si
nécessaire, l'opinion publique ne serait probablement pas difficile
à convaincre. Gérard Bérubé écrit dans le Devoir :
« Un membre de la génération du millénaire sur deux affirme être
disposé à sacrifier une partie de son salaire en échange d’une
plus grande sécurité en matière de prestations de retraite ».
Les modifications proposées au RRQ et au RPC sont est un mélange de REER et de RCR.
Elles s'apparentent à un REER parce que la rente supplémentaire (RS) est
soumise à des règles comparables à celles des FERR
avec la 8e
proposition. Par ailleurs, les cotisations du
participant lui appartiennent, ainsi que les rendements obtenus. Il
est certain de récupérer son argent, comme s'il avait acheté un
REER.
Elles sont semblables à un RCR parce qu'il s'agit d'un régime obligatoire pour
tous les participants au RRQ. Il n'y a pas de cotisations
volontaires, sauf du côté le l'employeur s'il désire payer plus
que les 2 % exigés. De
plus, les risques reliés aux rendements sont partagés. Avec la 7e
proposition, les gains comme
les pertes extraordinaires sont aplanis. Cela permet à la CDPQ de
prendre les risques habituels afin de maximiser le rendement à long
terme.
Notez que la RS n'est pas une RV achetée auprès d'une institution
financière. Elle est payée par Retraite Québec. Son montant ne
dépend ni du sexe du bénéficiaire, ni de la périodicité des
versements, ni du taux de conversion des RV.
Les
actifs doivent-ils être pris en compte comme le suggère l'Institut
CD Howe dans son Commentaire no 457?
Certains spécialistes
pensent que les actifs doivent être pris en compte quand on prépare
sa retraite. On peut avoir des comptes d'épargne libres d'impôts
(CELI) qui aideraient à joindre les deux bouts. Quand on est
propriétaire de sa maison, on peut acheter une hypothèque inversée
afin d'augmenter ses revenus. Un travailleur autonome pourrait
peut-être se payer une retraite très agréable après avoir vendu
son entreprise.
De mon point de vue, ce sont des pis-aller. Je n'ai rien
contre ceux qui dilapident leur patrimoine pour se payer du bon
temps, mais on ne devrait pas être forcé de le faire pour boucler
nos fins de mois. Le système de retraite doit permettre d'éviter
cela. Nous jouissons d'une retraite relativement confortable quand
nos rentes et pensions suffisent pour maintenir notre train de vie
habituel sans toucher à nos principaux actifs.
Faut-il
hausser l'âge normal de la retraite?
L'âge
normal de la retraite est 65 ans. Le système coûte cher. Il est
évident qu'augmenter l'âge réduirait la pression sur l'ensemble du
système en allongeant la période cotisable et en raccourcissant
d'autant celle de la retraite.
Pérenniser
la PSV (1ère et 2e propositions) coûterait
des sous. Augmenter l'âge normal à 67 ans pour compenser serait une
mesure acceptable. Cela neutraliserait ou, à tout le moins,
réduirait le coût de l'opération.
Augmenter
l'âge devrait permettre également de réduire les coûts du RRQ, de
son jumeau, le RPC et des RCR, particulièrement ceux à prestations
déterminés. La mesure ne serait pas pénalisante si, comme
anticipé, ceux qui entrent sur le marché du travail vivent plus
longtemps que ceux qui sont déjà retraités.
L'augmentation
devrait être très progressive. Par exemple, d'un mois par année au
cours des 24 prochaines années.
Certaines
tâches difficiles réduisent possiblement l'espérance de vie. Il
faudrait en tenir compte si tel est le cas. Moduler l'âge de la
retraite en fonction des risques du métier me paraîtrait équitable.
Pour
approfondir le sujet
J'ai
mis à votre disposition le mémoire que j'ai préparé pour la Commission des finances publiques de l'Assemblée nationale. Il explique en
détail comment fonctionne le système de retraite canadien et
comment, à mon avis, il devrait fonctionner. On y trouve le contenu de ce blog et un peu plus dans un format différent. Vous pouvez le
télécharger et le partager sans frais.
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