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Le troisième bloc du système de retraite est celui des régimes
complémentaires de retraite (RCR). Comme leur nom l'indique, ces
régimes ont pour rôle de fournir un complément aux régimes
publics, particulièrement à la rente de retraite du RRQ. Celle-ci
peut remplacer 25 % du salaire ou du revenu de travailleur
autonome, mais ne peut dépasser 25 % du salaire industriel
moyen (SIM). C'est très peu de protection à la retraite, même si
la rente est indexée chaque année au coût de la vie.
La plupart des
spécialistes affirment que les revenus de pension doivent couvrir
70 % des revenus de travail. C'est particulièrement vrai pour
ceux qui ont des revenus moyens, entre 40 000 $ et
80 000 $.
Ainsi, comme je le dis dans Le problème avec les REER, 50 000$ devraient être remplacé par 35 000 $. Comment se fait-il que 35 000 $ soient suffisants? Parce que ça coûte cher d'aller travailler et d'épargner en vue de la retraite. Quand on est retraité, certaines dépenses disparaissent : frais de transport, frais de repas, cotisations à un fonds de pension ou à des REER... Par ailleurs, on paie moins d'impôts parce qu'on à moins d'argent et plus de déductions. Au bout du compte, avec 35 000 $, on conserve le même pouvoir d'achat qu'avec un salaire de 50 000 $.
Ainsi, comme je le dis dans Le problème avec les REER, 50 000$ devraient être remplacé par 35 000 $. Comment se fait-il que 35 000 $ soient suffisants? Parce que ça coûte cher d'aller travailler et d'épargner en vue de la retraite. Quand on est retraité, certaines dépenses disparaissent : frais de transport, frais de repas, cotisations à un fonds de pension ou à des REER... Par ailleurs, on paie moins d'impôts parce qu'on à moins d'argent et plus de déductions. Au bout du compte, avec 35 000 $, on conserve le même pouvoir d'achat qu'avec un salaire de 50 000 $.
Le travailleur autonome
n'a que le quatrième bloc pour complémenter le RRQ. C'est en
achetant des REER qu'il pourra jouir d'une bonne retraite. S'il
contribue au maximum pendant 35 ans et s'il obtient d'excellents
rendements sur ses placements, ses REER lui donneront des revenus de
retraite au moins équivalents à 70 % de ses revenus de
travail. Comme il n'y a pas de coordination entre les REER et les
deux premiers blocs, la pension de sécurité de la vieillesse (PSV)
et la rente du Québec (RRQ) s’additionnent à son REER. Le total
pourrait dépasser 100 % des revenus perdus.
Tout le monde n'a pas les
moyens d'épargner ce qu'il faut – 18 % des revenus pendant 35
ans – afin d'atteindre l'objectif visé. Heureusement, grâce aux
deux premiers blocs, on peut y arriver en épargnant moins. La PSV et
le RRQ peuvent remplacer 40 % des revenus de travail. Quand
c'est le cas, il suffit que les REER remplacent 30 % pour
atteindre l'objectif à 65 ans, l'âge normal de la retraite. Si le
rendement des REER est de 6 % par année, il faut épargner 9 %
des revenus pendant 35 ans pour y arriver. Les cotisations étant
déductibles, le coût de l'épargne serait autour de 6 %. C'est
vrai pour ceux dont les revenus correspondent au SIM. Si vos revenus
sont à peu près la moitié du SIM, inutile d'épargner; les deux
premiers blocs protègent ou améliorent votre pouvoir d'achat. Si au
contraire, vos revenus sont le double du SIM, la rente du RRQ et la
PSV en remplacent moins que 20 %. Vous devrez donc cotiser
davantage à vos REER.
Les régimes à
cotisations déterminées (RCR CD)
Les salariés sont dans
la même situation que les travailleurs autonomes s'ils n'ont pas de
fonds de pension chez leur employeur. C'est le cas de la majorité.
Il y a quand même des employeurs qui offrent un RCR à leurs
employés. La plupart offrent des régimes à cotisations déterminées
(RCR CD). Ces régimes fonctionnent comme des REER. Parfois, ce sont
carrément des REER dits collectifs.
Habituellement, l'employeur et l'employé cotisent, à parts égales
ou non. Les épargnes sont confiées à un gestionnaire de fonds
chargé de maximiser les rendements. Quand un employé prend sa
retraite, les sommes accumulées sont transformées en rente
viagère (RV). Comme je l'ai déjà dis, le montant de la
RV dépendra de nombreux facteurs, dont les rendements obtenus et
l'âge du rentier.
Pour épargner sur les
coûts, l'employeur tient souvent compte de la PSV et de la rente du
RRQ. Il établit le montant de la cotisation (ou le négocie avec le
syndicat) avec l'aide du gestionnaire du fonds, pour couvrir la
protection choisie. Par exemple, si les salaires correspondent au SIM
et si le but du régime est de couvrir le 30 % manquant pour
atteindre 70 % à 65 ans, les cotisations pourraient être
limitées à 9 %, partagées moitié-moitié avec les employés,
à condition que le rendement sur les investissements soit de 6 %.
Un tel rendement est rare chez les acheteurs solitaires de REER, mais
courant – jusqu'à maintenant – dans les fonds de pension gérés
correctement. Rappelons que le rendement annualisé de la Caisse de
dépôt et de placements du Québec (CDPQ) depuis
50 ans a été de 8,6 %.
Si le RCR CD n'offre pas
une protection adéquate, l'employé peut ajouter un REER. Cependant,
il est limité par son facteur
d'équivalence : plus l'employeur est généreux, moins
l'employé peut cotiser à son REER. Pourquoi? Parce que le système
est ainsi fait qu'il permet de reporter l'impôt, et même, au bout
du compte, d'en épargner un peu. Le fisc veut bien nous aider à
préparer notre retraite, mais pas plus qu'il ne faut... Par
ailleurs, le système doit être équitable. Si mon employeur protège
une partie de ma retraite, mon REER ne peut protéger que la partie
manquante.
Les régimes à
prestations déterminées (RCR PD)
Les régimes collectifs
considérés comme les meilleurs sont à prestations déterminées
(RCR PD). On vient de voir que le montant d'une RV provenant d'un
REER ou d'un RCR CD dépend de nombreux facteurs. Cela signifie qu'on
ne sait jamais si la RV permettra d'atteindre l'objectif visé. Avec
les RCR PD, il n'y a pas de surprises. Dès qu'on commence à
travailler pour un employeur qui offre cette protection, on connaît
le montant de la pension qu'on recevra le moment venu. La formule la
plus connue est la suivante : 2 % par année de
participation. Après 35 années, on a droit à 70 % du salaire
moyen des meilleures années. En fait, le calcul pour les REER est
semblable : 2 % par année; 70 % après 35 ans... Où
est la différence? Dans le cas des REER, il n'y a jamais de
certitude. La RV, répétons-le, dépend de très nombreux facteurs.
À cause de cela, elle peut ne pas atteindre l'objectif comme elle
peut le dépasser. Avec les RCR PD, l'objectif est toujours atteint
parce qu'il est déterminé d'avance. Rien ne peut le modifier. Si
les rendements de la caisse de retraite sont mauvais, je reçois
quand même ce qui m'est dû. Si les rendements sont extraordinaires,
le montant de ma pension ne sera pas meilleur, mais je pourrais
profiter d'une indexation partielle au coût de la vie si c'est prévu
au contrat.
C'est surtout dans les
organismes publics et parapublics qu'on trouve les RCR PD. Il y en a
aussi dans le privé, chez les gros employeurs, mais moins qu'avant.
Les employeurs préfèrent généralement les RCR CD parce que les
coûts sont fixes et parce qu'ils sont plus faciles à gérer.
Il est vrai que la
gestion des RCR PD est plus lourde et que les coûts varient. Quand
les rendements sont excellents, il est possible de prendre des congés
de cotisation. Par contre, quand les rendements sont médiocres, il
faut cotiser davantage pour compenser. Le régime doit être
capitalisé
à 100 %. La caisse doit contenir suffisamment d'argent pour
payer son dû à chaque participant et à chaque bénéficiaire.
Les RCR PD sont-ils
plus avantageux que les REER? Offrent-ils plus à moindre coût?
Il faut savoir que les
RCR PD sont presque toujours coordonnés avec le RRQ afin de réduire
les coûts. C'est permis par la loi et les employeurs ne se gênent
habituellement pas... La coordination signifie que l'objectif doit
être atteint en combinant les deux régimes. Comme le RRQ garantit
jusqu'à 25 % du SIM, le RCR PD paiera la différence pour
atteindre l'objectif prévu. Si l'objectif correspond à 70 % du
salaire comme c'est souvent le cas, le RCR PD paiera le 45 %
manquant pour l'atteindre. Cela est vrai pour les employés dont le
salaire ne dépasse pas le SIM. La coordination se fait toujours à
65 ans. Quelqu'un qui gagnait 50 000 $ (salaire moyen des
meilleures années) recevrait donc 12 500 $ du RRQ et
22 500 $ du RCR PD pour un total de 35 000 $.
Prenons un travailleur
autonome qui a cotisé au maximum à son REER depuis 1981. Il gagnait
50 000 $ au moment de prendre sa retraite en 2016 après 35
années de cotisation. Les rendements de son REER ont été
suffisants (6 % par année) pour lui garantir une RV de
35 000 $, soit 70 % de ses revenus de travail. Sa
rente n'est pas indexée au coût de la vie. Comparons-le a un
salarié dont le salaire moyen est aussi de 50 000 $. Il a
participé à un régime qui lui garantie 70 % de son salaire,
mais coordonné à la rente du RRQ à partir de 65 ans. Sa pension
est partiellement indexée selon la formule suivante : la moitié de
l'augmentation du coût de la vie. La moyenne historique est aux
alentours de 4 %. J'ai donc choisi d'augmenter sa pension de 2 %
par année même si le coût de la vie est présentement plus bas.
Les deux hommes ont gagné
les mêmes revenus, cotisé autant d'années et prennent leur
retraite en même temps. Ce que chacun recevra dépendra de son âge.
Voici le tableau 4
qui résume tout. Il n'indique pas le montant mensuel. Ce serait trop
beau! Il donne le total reçu en fonction de la période choisie.
Tableau 4
Malgré que la pension du
salarié soit indexée de 2 % par année, le travailleur
autonome reçoit presque toujours plus d'argent. C'est vrai peu
importe le scénario. Vous remarquerez que la RV est plus basse avant
65 ans. La réduction est de 5 % à 60 ou de 10 % à 55.
Cette réduction s'applique à une rente garantie 25 années, mais
non réversible au conjoint. La pension payée au salarié est
réduite parce qu'elle est coordonnée avec le RRQ à 65 ans. Si le
salarié demande sa pension avant, j'ai calculé qu'il reçoit
35 000 $ indexés jusqu'à 65 ans avant de subir une
réduction.
Ce tableau ne tient pas
compte du total des cotisations versées. Le travailleur autonome a
certainement payé davantage puisqu'il a cotisé 18 % de ses
revenus pendant 35 ans. Le salarié a moins cotisé à cause de la
coordination avec le RRQ. Dans la mesure où son régime est
capitalisé, le salarié a suffisamment cotisé. Comme il a moins
cotisé que le travailleur autonome, il est logique qu'il reçoive
moins. S'il veut recevoir autant, il doit en plus cotiser à un REER.
C'est possible dans les limites permises par son facteur
d'équivalence. Ce facteur cherche à garantir l'équité du
système en limitant le droit de cotiser à un REER quand on
participe à un RCR.
Reprenons l'exemple, mais
avec deux hommes qui n'auraient cotisé que durant les dix années
précédant leur retraite.
Tableau 5
Cette fois, l'avantage
est nettement au participant à un RCR, sauf avant 60 ans.
Normalement, une pension n'est pas payable avant 60 ans quand on a
cotisé seulement quelques années. Si elle est payable, c'est avec
une grosse pénalité qui décourage la plupart les participants de
la demander. Par contre, un REER peut être transformé en RV à tout
âge. Évidemment, plus on est jeune, plus la RV est petite.
À partir de 60 ans, le
participant à un RCR est avantagé parce que sa pension ne dépend
pas spécifiquement de ses cotisations.
Au contraire, le
participant au REER reçoit une RV qui dépend de ses cotisations et
des rendements obtenus pendant une courte période. Le calcul a été
fait avec un rendement
de 8,6 %, celui de la CDPQ depuis 1966. Si j'avais
calculé avec un rendement plus faible, la RV aurait été plus
petite, mais la pension du RCR serait restée la même.
Je rappelle que la
pension du RCR est indexée de 2 % par année. Voici la
différence sans indexation :
Tableau 6
L'avantage du RCR est
encore là, mais beaucoup plus faible.
Les deux derniers
tableaux démontrent que, paradoxalement, ce sont les retraités avec
des pensions partielles qui peuvent coûter cher aux RCR PD. Ce sont
ceux qui ont moins de 35 années de participation et qui ont pu
recevoir leur pension immédiatement. Pourquoi? Parce que leurs
cotisations n'ont pas eu assez de temps pour fructifier. Ceux qui
profitent du facteur 90 (par exemple, 55 ans d'âge et 35 années de
participation) ont, dans la plupart des cas, accumulé suffisamment
d'argent pour recevoir leur dû.
Différences entre
RCR PD et REER
Mon tableau 7 résume
les principales différences entre le bloc individuel des REER et le
bloc collectif des RCR PD. Quant aux rentes provenant d'un régime à
cotisations déterminées (RCR CD), elles ressemblent beaucoup à
celles qu'on achète avec des REER, sauf si le régime à prévu des
règles particulières.
Tableau 7
En somme, ceux qui
s'achètent des REER ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour
préparer leur retraite. Il n'y a aucun partage de risques avec
d'autres. À titre d'exemple, durant la crise économique de 2008,
plusieurs ont vu la valeur de leur REER baisser dramatiquement. Ceux
qui étaient à la veille de prendre leur retraite ont peut-être été
forcés de la retarder parce qu'ils ne pouvaient plus se payer la RV
prévue.
Avantages et
inconvénients du partage des risques
Ceux qui participent à
un RCR – surtout s'il est à PD – partagent ensemble certains
risques comme les rendements, la réversibilité au conjoint, l'âge
et le sexe des bénéficiaires, etc. C'est une mise en commun des
cotisations dans le but de maximiser les rendements et d'uniformiser
les pensions. Il y a des gagnants et des perdants.
Les gagnants sont ceux
qui reçoivent plus qu'ils n'ont donné. Par exemple, ceux qui n'ont
cotisé que quelques années juste avant de prendre leur pension...
Il y a aussi ceux qui ont pris leur retraite dans une période de
mauvais rendements. Tous les fonds de pension ont perdu beaucoup
d'argent en 2008. C'est un risque assumé par l'ensemble des
participants. Les pensions des retraités n'ont pas été affectées
et personne n'a été forcé de retarder sa retraite.
Les perdants dans le
partage des risques sont ceux qui ont donné plus que nécessaire.
Ils ont cotisé de nombreuses années ou bien, il y a longtemps. La
pension qu'ils reçoivent est souvent trop basse par rapport aux
sommes investies.
Quant aux régimes à
cotisations déterminées (RCR CD), les risques sont peu
partagés entre tous les participants. Cela fait que chacun se
retrouve avec une RV dont le montant dépend de très nombreux
facteurs. Pierre, Jeanne et Jacques qui ont versé les mêmes
cotisations en même temps, recevront un montant différent, même
s'ils prennent leur retraite le même jour.
Pour les curieux...
Il
existe d'autres types de régimes collectifs. Par exemple, les
régimes complémentaires de retraite à prestations ciblées (RCR
PC), les régimes
de participation différée aux bénéfices (RPDB) et les
régimes
volontaires d'épargne-retraite (RVER).
Les
RCR PC sont un compromis entre les régimes à PD et ceux à CD. Ils
pourraient remplacer une partie des uns et des autres au cours des
prochaines années. Les RPDB et les RVER sont plus apparentés aux
régimes à CD.
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